Suis-je accro au sucre ? Le point de vue d’une nutritionniste

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• 29 oct 2025
sucre raffiné superposé d'une framboise

Vous terminez votre souper et, soudain, une envie de sucre se fait sentir. Vous attrapez un morceau de chocolat, une crème glacée ou un biscuit — et presque aussitôt, la culpabilité s’installe.
Peut-être avez-vous toujours eu la dent sucrée, ou encore vous avez simplement l’impression que le sucre a plus de contrôle sur vous que vous le souhaiteriez.

« Pourquoi je n’arrive pas à me contrôler ? Suis-je accro au sucre ? »

Si vous vous êtes déjà posé cette question, vous êtes loin d’être seul. Mais avant de penser à faire une « détox de sucre » ou à l’éliminer complètement, prenons un moment pour regarder ce qui se passe réellement. En réalité, le lien entre le sucre et la dépendance est plus complexe qu’il n’y paraît.

La dépendance au sucre, est-ce réel ?

1. Ce que la science dit vraiment

Vous avez probablement déjà vu des manchettes affirmant que le sucre est aussi addictif que la drogue. C’est une idée qui attire l’attention — mais la science ne la confirme pas vraiment.

Des études animales ont démontré que le sucre peut activer le système de récompense du cerveau, ce qui entraîne la libération de dopamine — la fameuse « hormone du plaisir », celle qui réagit à des activités agréables comme rire, écouter de la musique ou recevoir un câlin. Voilà pourquoi le sucre peut procurer du réconfort ou une sensation de bien-être.

Cependant, chez l’humain, les choses se compliquent. Bien que certaines personnes ressentent de fortes envies ou une perte de contrôle face aux aliments sucrés, il n’existe aucune preuve claire que le sucre seul provoque une dépendance comparable à celle causée par la nicotine ou l’alcool.

2. Ce n’est pas juste le sucre — c’est l’ensemble

Ce qui est plus probable, c’est que les aliments ultra-transformés — ceux qui combinent sucre, gras et sel — déclenchent des réactions de récompense puissantes qui les rendent difficiles à résister. Pensez aux biscuits, à la crème glacée, aux croustilles ou aux pâtisseries. Ces aliments sont conçus pour stimuler à la fois vos papilles et les circuits de plaisir du cerveau.

Donc non, vous n’êtes probablement pas « accro » au sucre. Votre cerveau fait simplement ce pour quoi il est programmé : rechercher le plaisir et le réconfort.

Quel est le rôle du sucre ?

1. Un carburant pour le corps et l’esprit

Le sucre n’est pas qu’une envie : c’est une source d’énergie essentielle. Sous forme de glucose, il alimente chaque cellule du corps — surtout le cerveau et les muscles. Un taux de sucre stable dans le sang aide à rester concentré, énergique et alerte tout au long de la journée.

Pendant l’activité physique, le sucre agit comme un carburant rapide. C’est l’énergie à accès instantané de votre corps, prête à soutenir le mouvement et la performance au moment où vous en avez besoin.

2. Une composante des liens humains

Au-delà de son rôle physiologique, le sucre a aussi une valeur sociale et émotionnelle. Il fait partie des fêtes d’anniversaire, des traditions familiales, des repas de célébration et des aliments réconfortants. Partager quelque chose de sucré, c’est aussi créer des liens — ça évoque la joie, la fête et parfois la nostalgie.

L’objectif n’est pas d’éliminer le sucre, mais de comprendre ses différentes fonctions : servir de carburant au corps et d’élément symbolique dans les moments de plaisir. Lorsqu’il est consommé avec conscience et modération, le sucre peut avoir sa place à la fois dans l’alimentation et dans les petits plaisirs de la vie.

Pourquoi on a envie de sucre (même sans avoir faim) ?

Vous avez parfois l’impression que le sucre contrôle vos choix ? Vous n’êtes pas seul — et il existe plusieurs raisons humaines à ces envies.

1. La boucle de l’habitude : signal – réponse – récompense

Souvent, il ne s’agit pas d’une dépendance, mais d’une habitude.
Peut-être terminez-vous toujours votre repas par un dessert, ou vous prenez quelque chose de sucré l’après-midi « juste parce que ». Avec le temps, votre cerveau associe certains signaux (comme la fin d’un repas ou la fatigue) à une récompense (le goût sucré réconfortant).

Plutôt que de supprimer complètement la récompense, essayez de changer le schéma.
Par exemple :

  • Commencez votre repas par le dessert à l’occasion — observez comment votre corps réagit et si l’envie change.
     
  • Repoussez le moment sucré — dégustez-le plus tard comme collation, quand la vraie faim revient.
     
  • Remplacez la réponse par une autre action positive : aller marcher, appeler quelqu’un ou faire une activité qui vous fait du bien.

Ces petits ajustements aident à briser le lien automatique entre le signal et la récompense, tout en gardant une place pour le plaisir et la satisfaction.

2. Les hauts et les bas du taux de sucre

Quand on consomme des aliments riches en sucres ajoutés — comme les boissons gazeuses, les bonbons ou les pâtisseries — le corps les digère très vite. Cela provoque une hausse rapide du sucre sanguin, suivie d’une chute qui peut laisser une sensation de fatigue, d’irritabilité et de nouvelles envies de sucre.

Pour éviter ces montagnes russes, optez pour des glucides à digestion lente comme les fruits, les grains entiers, les légumineuses ou les légumes féculents. Leur teneur en fibres permet une libération d’énergie plus stable. Vous pouvez aussi les combiner à une source de protéines pour maintenir l’énergie et réduire les fringales.

Par exemple :

Manger des repas équilibrés à intervalles réguliers aide aussi à garder votre énergie et vos envies stables tout au long de la journée.

3. Les envies émotionnelles

Parfois, les envies de sucre n’ont rien à voir avec la faim.
Le stress, l’ennui, la tristesse ou même la solitude peuvent nous pousser à chercher du réconfort — et les aliments sucrés offrent une source de plaisir rapide et accessible.

Avant de prendre quelque chose de sucré, prenez un moment pour vous demander : « De quoi ai-je vraiment besoin maintenant ? » Peut-être de repos, de compagnie ou d’une courte pause. Et si vous décidez quand même de manger, faites-le en pleine conscience et sans culpabilité — c’est l’attention, pas la restriction, qui redonne le contrôle.

Si l’alimentation émotionnelle vous semble difficile à gérer, parler avec une nutritionniste-diététiste peut vous aider à comprendre ce qui déclenche vos comportements — qu’ils soient liés au stress, aux habitudes, aux compulsions, aux troubles alimentaires ou à d’autres facteurs qui influencent votre relation avec la nourriture. Ensemble, vous pouvez trouver des façons plus saines de répondre à vos besoins, sans éliminer les aliments que vous aimez.

Comment retrouver une relation équilibrée avec le sucre

Trouver un équilibre avec le sucre ne veut pas dire l’éliminer du jour au lendemain — c’est plutôt apprendre à comprendre votre corps, vos habitudes et ce qui vous satisfait vraiment.

1. Manger régulièrement

Quand les repas sont sautés ou trop petits, la glycémie chute et les fringales deviennent plus fortes. Manger des repas équilibrés toutes les 3 à 4 heures — en combinant glucides, protéines et fibres — aide à stabiliser l’énergie et à éviter le fameux « j’ai besoin de sucre tout de suite ». Manger régulièrement aide aussi à faire la différence entre la vraie faim et les envies liées à l’habitude ou à l’émotion.

2. Pratiquer l’alimentation consciente

Prenez un instant pour remarquer pourquoi vous avez envie de sucre. Avez-vous faim, êtes-vous stressé, ou est-ce simplement une habitude ? En mangeant plus lentement et en portant attention aux saveurs et à la satisfaction, vous pouvez mieux savourer vos aliments — et souvent, vous réaliserez qu’une plus petite portion suffit.

3. Éviter la mentalité du « tout ou rien »

Couper le sucre complètement peut avoir l’effet inverse, menant à la frustration ou à des excès plus tard. Cherchez plutôt l’équilibre : laissez une place aux aliments que vous aimez, mais dégustez-les intentionnellement — sans culpabilité ni impulsivité. Cette approche favorise une relation de confiance avec votre corps et rend l’alimentation équilibrée durable, à court comme à long terme.

Quand consulter une nutritionniste-diététiste

Si gérer vos envies de sucre vous semble difficile ou stressant, rappelez-vous que vous n’avez pas à le faire seul.
Une nutritionniste-diététiste peut vous aider à identifier ce qui se cache derrière vos envies — qu’il s’agisse de la faim, d’émotions, d’habitudes, d’un déséquilibre d’énergie ou d’une condition de santé — et vous guider vers des stratégies réalistes et bienveillantes.

Consulter une nutritionniste peut vous aider à retrouver confiance face à la nourriture, à savourer les aliments sucrés sans culpabilité et à bâtir une relation équilibrée avec l’alimentation. Grâce au suivi nutritionnel, vous pouvez apprendre à gérer vos fringales, prévenir la prise de poids et améliorer votre niveau d’énergie et votre bien-être global.

Prenez rendez-vous avec une nutritionniste-diététiste pour obtenir un accompagnement personnalisé adapté à votre mode de vie.

La douceur sans culpabilité

Vous n’avez pas besoin d’éliminer complètement le sucre pour être en santé. Ce qui compte le plus, c’est de trouver un équilibre — écouter votre corps, manger régulièrement et profiter des aliments sans culpabilité.

Au fond, ce n’est pas le sucre qui a le contrôle.
Ce sont votre conscience, votre flexibilité et votre bienveillance envers vous-même qui font toute la différence.