Hashimoto et troubles de la thyroïde : le rôle clé de la nutrition

Maladies chroniques
Saine alimentation
• 26 sep 2025
médecin palpe le cou de la femme pour le diagnostic des maladies thyroïdiennes


Au Canada, les troubles de la thyroïde affectent environ 1 adulte sur 10, les femmes étant jusqu’à huit fois plus touchées que les hommes (1,2). La thyroïdite d'Hashimoto représente la cause la plus fréquente d’hypothyroïdie dans les pays occidentaux (3,4).  

Pathologies auto-immunes : la cause principale des troubles thyroïdiens

La thyroïdite de Hashimoto résulte d’un dérèglement du système immunitaire impliquant une prédisposition génétique ainsi que des facteurs environnementaux tels que (5) :

  • Infections virales
  • Stress oxydatif
  • Exposition à la radiation
  • Dysbiose intestinale

Ou encore des déséquilibres en micronutriments, notamment :

  • Carence en sélénium
  • Carence en vitamine D
  • Apport excessif en iode

Conséquences métaboliques et systémiques de l’hypothyroïdie

Les complications associées à une hypothyroïdie non traitée (incluant la thyroïdite d'Hashimoto) dépassent les symptômes classiques. Elles peuvent notamment inclure :

  • Un risque accru de maladies cardiovasculaires et de dyslipidémie (6,7)
  • Une résistance à l’insuline, observée chez les personnes vivant avec Hashimoto (8)
  • Une anémie ferriprive, fréquente dans ce contexte (9).

L’inflammation chronique semble jouer un rôle central, en favorisant à la fois la résistance à l’insuline et une production accrue d’hepcidine, une hormone qui bloque l’absorption intestinale du fer (8,9).

Dans ce contexte, les nutritionnistes-diététistes peuvent contribuer à identifier, prévenir et gérer les complications métaboliques associées à l’hypothyroïdie, notamment en optimisant les apports en nutriments essentiels à la fonction thyroïdienne et en modulant l’inflammation chronique par des interventions nutritionnelles ciblées.

Le rôle clé des nutritionnistes dans la gestion des troubles thyroïdiens

Les traitements comme la lévothyroxine sont essentiels, mais leur efficacité dépend d'une bonne adhésion, de la gestion des interactions alimentaires (ex. : calcium, café), et les carences nutritionnelles doivent être rigoureusement suivies, ce qui rend l’accompagnement par les nutritionnistes-diététistes indispensables dans la prise en charge des troubles thyroïdiens
 

Micronutriments essentiels dans la physiologie thyroïdienne

Nutriment

Rôle dans la fonction thyroïdienne / Hashimoto

Sources alimentaires principales

Recommandations / Précautions

Iode (10)

Essentiel à la synthèse des hormones thyroïdiennes; une carence ou des apports excessifs peuvent aggraver l’hypothyroïdie.

Sel iodé, lait, fromage, fruits de mer (ex. poisson, crevettes), algues

Apport recommandé : 150 μg/j = l’équivalent de 250 ml de lait et de ¼ c. à thé de sel iodé.


Éviter la supplémentation et les sources très concentrées (ex. algues kombu) sans supervision professionnelle.

Sélénium (11)

Cofacteur de l’enzyme qui convertit T4 (inactive) en T3 (active); une supplémentation pourrait réduire le taux sérique d’anticorps anti-thyroïdiens.

Noix du Brésil, poisson, viande, œufs

Apport optimal : 100–200 μg/j (l’équivalent à 2 à 4 noix du Brésil).


Supplémentation utile en cas d'Hashimoto confirmé.

Zinc (12)

Participe à la synthèse et à l’action des hormones thyroïdiennes.

Fruits de mer, viande, noix, graines

Optimiser les apports par l’alimentation.

 

Supplémentation déconseillée sans carence confirmée en raison de son effet inhibiteur sur l’absorption du fer.

Fer (5, 9) 

Relation bidirectionnelle; la carence peut aggraver les troubles de la thyroïde et la thyroïdite peut nuire à l’absorption du fer.

Viande rouge, volaille, poisson, œufs, graines de citrouille, tofu, légumes verts à feuilles

Supplémentation nécessaire en cas de carence.  

 

À noter que lorsque la thyroïdite n’est pas contrôlée, l’absorption du fer par voie orale peut être altérée.

Vitamine D (13, 14)

Carence associée à des formes plus sévères d'Hashimoto; amélioration possible de la TSH et réduction du taux sérique d’anticorps anti-thyroïdiens avec supplémentation.

Poissons gras, œufs

Supplémentation recommandée. 

 

Correction souvent requise par supplémentation à haute dose sur plusieurs semaines-mois avant dosage d’entretien (1000–2000 UI/jour).

Microbiote intestinal (15)

Influence l’absorption de certains nutriments  (fer, iode, sélénium, zinc) et peut exacerber l’inflammation si déséquilibré.

Fibres, aliments fermentés, alimentation riche en plante et diversifié

La modulation du microbiote est une piste prometteuse dans la gestion de la thyroïdite d'Hashimoto.

Moduler l’inflammation par le microbiote intestinal

L’axe intestin-thyroïde suscite un intérêt croissant dans la compréhension de la thyroïdite d'Hashimoto. Une dysbiose intestinale pourrait aggraver les symptômes d’hypothyroïdie en :

  • Fragilisant la barrière intestinale
  • Activant des réponses immunitaires pro-inflammatoires
  • Nuisant à l’absorption de nutriments essentiels à la fonction thyroïdienne, tels que le fer, l’iode, le sélénium et le zinc (15)

Les patients atteints présentent souvent une production réduite d’acides gras à chaîne courte, des métabolites clés pour la régulation de l’inflammation (15). 

Bien que les données cliniques sur l’impact direct de la modulation du microbiote sur la fonction thyroïdienne demeurent limitées, certaines habitudes alimentaires apparaissent prometteuses :

  • Varier l’alimentation (idéalement ~30 plantes différentes par semaine)
  • Consommer suffisamment de fibres (30 à 50 g/jour)
  • Inclure des aliments fermentés (sources de probiotiques alimentaires)

Une telle alimentation constitue une approche prometteuse pour renforcer le microbiote intestinal et soutenir la santé immunitaire.

Un accompagnement nutritionnel personnalisé pour la santé de la thyroïde

Compte tenu de la complexité des troubles thyroïdiens et de l’implication de multiples facteurs nutritionnels, une approche multidisciplinaire est indispensable. Les nutritionnistes-diététistes d’ÉquipeNutrition sont qualifiés pour :

  • Évaluer les apports nutritionnels
  • Corriger les carences
  • Mettre en place des interventions personnalisées, fondées sur les données probantes
  • Soutenir la santé thyroïdienne et contribuer à réduire les complications associées

Facilitez l’accès à vos patients à un accompagnement complémentaire au traitement médical, grâce à notre offre de consultation avec une nutritionniste-diététiste. Consultez notre page de référence médicale pour savoir comment orienter vos patients et accéder au formulaire de référence.

 

Références

  1. ThyForLife. (2023). Prevalence of thyroid diseases. https://www.thyforlife.com/prevalence-of-thyroid-diseases/
  2. Cleveland Clinic. (2023). Thyroid disease. https://my.clevelandclinic.org/health/diseases/8541-thyroid-disease
  3. Anandkumar, S., Chacko, J., Theertha, C. K., & Usha, M. (2020). Thyroid Disorder: An Overview. Research Journal of Pharmacology and Pharmacodynamics.
  4. Walsh, J. (2016). Managing thyroid disease in general practice. Medical Journal of Australia, 205.
  5. Mikulska, A. A., et al. (2022). Metabolic Characteristics of Hashimoto’s Thyroiditis Patients and the Role of Microelements and Diet in the Disease Management—An Overview. Int. J. Mol. Sci., 23, 6580.
  6. Rodondi, N., et al. (2010). Subclinical hypothyroidism and the risk of coronary heart disease and mortality. JAMA, 304(12), 1365–1374.
  7. Cappola, A. R., Desai, A. S., Medici, M., Cooper, L. S., Egan, D., Sopko, G., ... & Ladenson, P. W. (2019). Thyroid and cardiovascular disease: research agenda for enhancing knowledge, prevention, and treatment. Circulation, 139(25), 2892-2909.
  8. Lei, Y., Yang, J., Li, H., Zhong, H., & Wan, Q. (2019). Changes in glucose‐lipid metabolism, insulin resistance, and inflammatory factors in patients with autoimmune thyroid disease. Journal of clinical laboratory analysis, 33(7), e22929.
  9. Garofalo, V., et al. (2023). Relationship between Iron Deficiency and Thyroid Function: A Systematic Review and Meta-Analysis. Nutrients, 15(22), 4790.
  10. National Institutes of Health, Office of Dietary Supplements. (2022, March 29). Iodine: Fact sheet for health professionals. https://ods.od.nih.gov/factsheets/Iodine-HealthProfessional/
  11. Wichman, J., Winther, K. H., Bonnema, S. J., & Hegedüs, L. (2016). Selenium supplementation significantly reduces thyroid autoantibody levels in patients with chronic autoimmune thyroiditis: a systematic review and meta-analysis. Thyroid, 26(12), 1681-1692.
  12. Walker, C. F., Kordas, K., Stoltzfus, R. J., & Black, R. E. (2005). Interactive effects of iron and zinc on biochemical and functional outcomes in supplementation trials. The American journal of clinical nutrition, 82(1), 5-12.
  13. Talaei, A., Ghorbani, F., & Asemi, Z. (2018). The effects of vitamin D supplementation on thyroid function in hypothyroid patients: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Indian journal of endocrinology and metabolism, 22(5), 584-588.
  14. Durá-Travé, T., & Gallinas-Victoriano, F. (2024). Autoimmune Thyroiditis and Vitamin D. International journal of molecular sciences, 25(6), 3154.
  15. Bargiel, P.; Szczuko, M.; Stachowska, L.; Prowans, P.; Czapla, N.; Markowska, M.; Petriczko, J.; Kledzik, J.; J ˛edrzejczyk-Kledzik, A.; Palma, J.; et al. Microbiome Metabolites and Thyroid Dysfunction. J. Clin. Med. 2021, 10, 3609.