Le jeûne intermittent, mode alimentaire passagère ?

Saine alimentation
verre d'eau sur un fond blanc
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Tel qu’annoncé dans notre article sur les résolutions ‘’in’’ de 2019 en nutrition, vous avez probablement entendu parler de plusieurs diètes émergentes dont le jeûne intermittent. Or, cette pratique n’est pas nouvelle. Par exemple, durant le mois de Ramadan, les musulmans ne consomment ni nourriture ni breuvage du lever au coucher du soleil, et ce, depuis des siècles. Alors d’où provient cet engouement nouveau pour le jeûne ?

D’abord, il est important de savoir que le jeûne est déconseillé aux enfants et adolescents en croissance, aux femmes enceintes ou allaitantes, aux personnes âgées ainsi qu’aux individus atteints d’une insuffisance hépatique ou rénale.

Le jeûne intermittent consiste à alterner des périodes de jeûne, allant de quelques heures à plus d’une journée, avec des périodes d’alimentation sans restriction. Par exemple, un jeûne d’une durée de 16 à 20 h laissant 4 à 8 h pour consommer un à deux repas et possiblement des collations.

Jeûner permet-il réellement de perdre du poids ?

Oui, comme la plupart des autres diètes impliquant une restriction calorique. En revanche, le jeûne intermittent serait plus facile à entreprendre pour certains étant donné qu’il n’implique pas une privation constante. De plus, la perte de poids serait davantage attribuable à une diminution de la masse grasse (graisse corporelle), ce qui signifie que les muscles seraient mieux préservés. Cependant, des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ce phénomène et le maintien de la perte de poids à long terme n’est pas garanti.

Le jeûne peut-il aider à prévenir ou combattre certaines maladies?

Il est bien établi qu’une perte de poids de 5 à 10 % chez les personnes obèses ou en surpoids a des effets bénéfiques sur la santé dont une amélioration de la glycémie, de la tension artérielle et des taux de cholestérol sanguin. L’utilisation d’une diète restreinte en énergie ou du jeûne comme méthode de perte de poids semble ainsi mener à des résultats similaires, à l’exception de certains paramètres sanguins qui seraient davantage améliorés avec certaines fréquences de jeûne. Il est toutefois essentiel de bien gérer sa médication, surtout dans les cas de diabète. La supervision des glycémies par un professionnel de la santé est primordiale.

Pour certains cancers, des études sur des animaux ont démontré que le jeûne peut ralentir la croissance et la propagation des tumeurs. Les cellules cancéreuses auraient de la difficulté à s’adapter au manque de nourriture, particulièrement de glucides, elles seraient donc plus sensibles aux traitements de chimiothérapie. À l’opposé, les cellules saines se mettraient en mode ‘’protection’’ et supporteraient mieux les traitements. Toujours est-il que cela ne se produirait pas chez tous les animaux et très peu de données ont été publiées sur les humains.

Qu’en est-il des effets secondaires ?

D’abord, on retrouve bien évidemment les symptômes de la faim. Il est également possible de ressentir de la fatigue, des nausées, des maux de tête et des étourdissements. Certains se trouveront à être plus irritables. Les jeûnes de plus courte durée auraient moins d’effets secondaires immédiats.

Ensuite, une restriction énergétique trop sévère peut mener à des carences ayant des conséquences néfastes sur la santé à long terme. Plusieurs professionnels de la nutrition se questionnent également sur la contribution potentielle de cette pratique dans le développement de troubles alimentaires. Sans compter qu’en se fiant à des règles externes pour dicter l’appétit, les signaux de faim et de satiété ne sont pas écoutés.

Finalement, est-ce une bonne approche pour moi ?

Le jeûne intermittent peut être efficace dans une démarche de perte de poids et de gestion de certaines maladies métaboliques. Il pourrait s’avérer prometteur dans la diminution d’effets secondaires de la chimiothérapie, mais davantage de recherches sont nécessaires. Cette pratique ne convient toutefois pas à tous et devrait être effectuée sous la supervision de personnel qualifié. Si vous envisagez de jeûner, n’hésitez pas à contacter une nutritionniste pour vous soutenir dans votre démarche et vous aider à atteindre vos objectifs.

Il existe d’autres moyens moins restrictifs et vraisemblablement plus durables pour perdre du poids et favoriser la santé. Connaissez-vous l’alimentation consciente-intuitive ? Si vous désirez vous défaire des restrictions et vivre en harmonie avec votre corps, cette approche vous plaira certainement !

Sources :

Crépeau, Catherine. (2017). Le jeûne intermittent, une nouvelle thérapie? Protégez-Vous.ca, magazine: janvier 2018. Repéré à https://www.protegez-vous.ca/sante-et-alimentation/jeune-intermittent Extenso, Le Centre de référence sur la nutrition de l’Université de Montréal. (2017). L’effet du jeûne sur le poids, le cancer et certaines maladies chroniques (État de la question).

Nutritionniste - Diététiste