Nutrition sportive et végétarisme, suppléments, commotions cérébrales, blessures et bien plus...

Nutrition sportive
Végétarisme et véganisme
Coureuses professionnelles lors d'une compétition
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En nutrition sportive, la première ligne d’intervention des nutritionnistes auprès des athlètes est d’assurer des apports nutritionnels adéquats en fonction des besoins et des objectifs de performance.

Les nutritionnistes sont aussi appelés à intervenir lors de type d’alimentation spécifique comme le végétarisme, lors de conditions médicales bien particulières ou encore lors de stratégies de supplémentation. Thématiques que nous aborderons aujourd’hui dans cet article.

Peut-on performer lors d’une alimentation végétarienne ?

Question très populaire au sein de la communauté sportive, et de plus en plus populaire depuis la sortie du court métrage : “Game Changer”. Toutefois, avant d’aller plus loin, qu’est-ce que le végétarisme ?

Coup d'oeil sur les types de végétarismes

Comme le montre le schéma, le végétarisme englobe plusieurs pratiques alimentaires allant du végétalisme strict (végane) au lacto-ovo végétarisme (1). L’un étant l’absence totale d’aliments d’origine animale tandis que l’autre inclut les produits laitiers, les œufs et dérivés de produits animaux. Dans les dernières années, les mentalités concernant l’impact de la consommation  de viande sur la performance ont bien évolué (1,2).

5 mythes alimentaires concernant le végétarisme :

  1. Manger végétarien, c’est se priver de protéines. FAUX  il existe plusieurs options de protéines (produits laitiers, œufs, légumineuses, tofu, tempeh, edamames, PVT, seitan…), il s’agit de savoir les apprêter!
  2. Il y a un impact sur la testostérone si l’on ne mange pas de viande. FAUX Pensée sociétale à l’origine d’une sexualisation des aliments, aucune étude ne montre qu’il y a moins de testostérone chez les hommes végétariens.
  3. Les acides aminés essentiels (AAE) ne sont pas présents dans les sources végétales. FAUX La diversité des sources de protéines durant la journée est suffisante pour permettre des apports journaliers suffisants en AAE.
  4. Les protéines végétales sont supérieures aux protéines animales. FAUX Les protéines végétales sont constituées des mêmes AAE. Toutefois, leur quantité est généralement moindre. Varier ses sources de protéines végétales permet d’atteindre l’équivalence.
  5. On ne peut pas performer dans le sport sans manger de viande. FAUX Pensons à: David Haye, James Wilks, Mac Danzig, Jake Shields. Tout dépend de la personne.

Les athlètes végétariens ont des besoins énergétiques et des besoins en macronutriments similaires aux autres athlètes (1,2,3,4). Toutefois, ils rencontrent eux aussi des défis propres à leur mode de vie :

  • Rassasiement précoce (1,5)
  • Symptômes digestifs
  • Apports en certains minéraux comme le fer, zinc, iode (1,5,6,8)
  • Apports en certaines vitamines comme la B12, B2 et la vitamine D (5,7,9)

Pour en savoir plus sur les stratégies et recommandations nutritionnelles, inscrivez-vous ici au module 4

Anémie du coureur et Syndrome du déficit énergétique relatif (RED-S)

Ces conditions médicales sont répandues chez la population d’athlète et sont souvent la conséquence d’un surentraînement. En effet, dans la volonté de performer toujours plus, beaucoup d’athlètes sont amenés à se surpasser et à limiter (voir même éliminer) les périodes de récupération indispensables au bon fonctionnement du corps et à la réparation musculaire.

1. L’anémie du coureur :

Aussi appelée l'hémolyse du coureur, celle-ci est due à la lyse des globules rouges dans les petits capillaires de la plante des pieds suite aux foulées répétitives (10,11). Toutefois, d’autres facteurs comme la transpiration excessive, les petites hémorragies digestives ou l’absence de jours de repos peuvent entraîner une anémie. De ce fait, tous les athlètes devraient rester vigilants concernant leur statut en fer (10,11).

Les symptômes généraux (10,11) : lassitude, fatigue, irritabilité et nervosité. Ils sont souvent accompagnés d’autres symptômes plus spécifiques comme :

  • réduction de la capacité physique à l’effort
  • difficulté à s'entraîner 
  • baisse des performances
  • essoufflement
  • rythme cardiaque accéléré à l’effort  
  • étourdissement 
  • les mains et pieds froids 
  • le teint pâle

Pourquoi les athlètes d’endurance sont-ils plus à risque ? Quels sont les besoins et recommandations nutritionnelles pour les athlètes dans cette situation? Quelles sont les sources alimentaires de fer ? 

Toutes les réponses se trouvent dans le module 5

2. Syndrome du déficit énergétique relatif (RED-S) :

À l’origine, on parlait de triade de l'athlète féminine. Ce modèle  a été présenté pour la première fois en 1997 puis mis à jour en 2007 (12). Il représente les fondements scientifiques et les séquelles cliniques associées à 3 symptômes :

  • Déficit énergétique
  • Problème osseux 
  • Dysfonction menstruelle

Les recherches ont permis de présenter un modèle basé sur des preuves scientifiques incluant des descriptions mécaniques claires et expliquant la manière dont chaque composante de la triade interagit entre elles (12,13,14).

Enfin, on s’est aperçu que les athlètes hommes pouvaient aussi être à risque, ce qui a poussé à établir une nouvelle définition (15,16). De ce fait, le groupe de travail d'experts du CIO a introduit un terme plus large et plus complet pour la condition de "Triade des athlètes féminines". Le terme "Déficit énergétique relatif dans le sport" (RED-S) souligne la complexité de la situation et le fait que les athlètes masculins sont également touchés (16). À noter que cette condition touche entre 22 et 58% des athlètes (15).

Quelles sont les causes entraînant le développement de cette condition ? Quels sont les symptômes chez les athlètes hommes et femmes ? Quelles sont les conséquences sur le système endocrinien, la santé osseuse, la performance et les conséquences sur la santé à long terme? Quelles sont les recommandations nutritionnelles ?

Les réponses à vos questions se trouvent dans le module 5

Supplémentation est performance, qu’en est-il?

Première chose à retenir, aucune supplémentation ne peut remplacer une planification nutritionnelle ainsi qu’un plan d’entraînement adaptés aux besoins spécifiques de l’athlète. Une approche alimentaire globale est toujours à privilégier avant de considérer une supplémentation (17). 

Toutefois, la supplémentation est à envisager lorsqu’il est difficile pour un athlète d’atteindre les recommandations nutritionnelles en certains nutriments (comme le fer ou la vitamine D) qui, lorsqu’ils sont en déficience, peuvent avoir de graves conséquences sur la santé et les performances (18;19). 

Cependant, la différence de réglementation d’un pays à un autre et la présence de plusieurs milliers de produits différents rendent difficile d’émettre des recommandations précises concernant la prise de suppléments et leurs bénéfices. Malgré tout, 87% des athlètes affirment prendre des suppléments, dont 20% ont obtenu leur recommandation via des amis ou membres de la famille, 14% via leur entraîneur, 11% via des coéquipiers et seulement 0,8% auprès de leur nutritionniste (20).

Comment choisir un supplément ? Quels sont les critères indispensables? Quels suppléments peuvent optimiser le gain de masse musculaire ? La perte de masse grasse? La santé musculaire? La production de testostérone?

Les réponses à vos questions se trouvent dans le module 6

Références :

  1. Larson-Meyer DE. Vegetarian Sports Nutrition. Food Choices and Eating PLans for fitness and performance. Champaign, IL : Human Kinetics; 2006.
  2. Goran MI. Variation in total energy expenditure in humans. Obes Res. 1995;3(S1):59-66.
  3. Thomas DT, Erdman KA, Burke L.M. Position of the Academy of Nutrition and Dietetics, Dietician of Canada, and the American College of Sports Medicine : Nutrition and athletes performance. J Acad Nutr Diet. 2016;116(3):501-528.
  4. Mellina V, Craig W, Levin S. Position of the Academy of Nutrition and Dietetics : vegetarian diets. J Acad Nutr Diet. 2016;116(12):1970-1980.
  5. Larson-Meyer DE. Vitamin D supplementation in Athletes. Nestle Nutr Inst Workshop Ser. 2013; 75:109-121.
  6. Craig WJ. Iron Status of vegetarian. Am J Clin Nutr. 1994;59(suppl 5):1233S-1237S.
  7. Platel K, Srinivasan K. Bioavailability of micronutrients from plant foods : an update. Crit Rev Food Sci Nutr. 2016:56(10):1608-1619.
  8. Krajcovicova-Kudlackova M, Buckova K, Klimes I, Sebokova E. Iodine deficiency in vegetarians and vegans. Ann Nutr Metab. 2003;47(5):183-185.
  9. Herrmann W, Geisel J. Vegetarian lifestyle and monitoring of Vitamin B-12 status. Clin Chim Acta. 2002; 326(1-2):47-59.
  10. Abid A Fazal, Mary S Whittemore, and  Katharine C DeGeorge . Foot-strike haemolysis in an ultramarathon runner. BMJ Case Rep. 2017; Dec 13. Bcr2017220661.
  11. Yu-Hui Chiu, Jiun-I Lai , Shih-Hao Wang , Chorng-Kuang How , Li-Hua Li , Wei-Fong Kao, Chen-Chang Yang, Ray-Jade Chen. Early changes of the anemia phenomenon in male 100-km ultramarathoners. J Chin Med Assoc. 2015 Feb;78(2):108-13.
  12. Mary Jane De Souza, Kristen J. Koltun, Nancy I Williams. The Role of Energy Availability in Reproductive Function in the Female Athlete Triad and Extension of its Effects to Men: An Initial Working Model of a Similar Syndrome in Male Athletes. Sports Medicine (2019) 49 (Suppl 2):S125–S137.
  13. Meredith B Loveless. Female athlete triad. Curr Opin Obstet Gynecol 2017 Oct;29(5):301-305.
  14. Sayaka Nose-Ogura, Miyuki Harada, Osamu Hiraike, Yutaka Osuga, Tomoyuki Fujii. Management of the female athlete triad. J Obstet Gynaecol Res 2018 Jun;44(6):1007-1014.
  15. Danielle M. Logue, Sharon M. Madigan, Anna Melin, Eamonn Delahunt , Mirjam Heinen, Sarah-Jane Mc, Donnell  and Clare A. Corish. Low Energy Availability in Athletes 2020: An Updated Narrative Review of Prevalence, Risk, Within-Day Energy Balance, Knowledge, and Impact on Sports Performance. Nutrients 2020 Mar 20;12(3):835.
  16. Siobhan M Statuta, Irfan M Asif, Jonathan A Drezner Relative energy deficiency in sport (RED-S).Br J Sports Med 2017 Nov;51(21):1570-1571.
  17. Burke LM, Cato L. Supplements and sports foods. In: Burke LM, Deakin V, ed. Clinical Sports Nutrition. 5th ed. Sydney, Australia : McGraw-Hill Australia; 2015:493-591.
  18. Deakin V, Peeling P. Prevention, detection and treatment of iron depletion and deficiency in athletes. In : Burke LM, Deakin V, ed. Clinical Sports Nutrition. 5th ed. Sydney, Australia : McGraw-Hill Australia, 2015:266-302.
  19. Willis KS, Peterson NJ, Larson-Meyer DE. Should we be concerned about the vitamin D status of athletes? Int J Sport Nutr Exerc Metab. 2008;18(2):204-224.
  20. Centre Canadian pour l’éthique dans le sport. (consulté le 05/2021). Question Suppléments Infographie. https://cces.ca/fr/question-supplements-infographique.
Nutritionniste - Diététiste