L'alimentation: un allié incontestable dans le combat contre la dépression

Santé mentale
L'alimentation: un allié incontestable dans le combat contre la dépression
FacebookFacebookFacebookFacebookShare

Plusieurs revues systématiques et méta-analyses démontrent des associations entre des altérations de la composition du microbiote et divers troubles mentaux tels que la dépression clinique (1, 2, 3). Plusieurs facteurs, dont l’alimentation, jouent un rôle crucial dans la modulation de ce lien, offrant des opportunités prometteuses pour le traitement et la prévention de la dépression (4).

Le déséquilibre

Lorsqu’un déséquilibre du microbiome survient, appelé "dysbiose", des répercussions profondes sur la santé mentale peuvent être observées. Des études ont démontré que, comparativement à des sujets en bonne santé, les patients vivant avec des symptômes dépressifs présentent souvent une diversité microbienne réduite et des changements néfastes au niveau de la distribution bactérienne. Ces altérations sont caractérisées par une contribution relativement plus élevée en bactéries pro-inflammatoires, telles que celles associées à la production d'acide lactique, au métabolisme du glutamate et de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA). Ces changements au niveau du microbiome présentent également une proportion réduite en bactéries anti-inflammatoires, telles que celles produisant des acides gras à chaîne courte (acétate, propionate et butyrate) (1, 2, 3).

La connexion entre le microbiome et la dépression

Les connexions nerveuses entériques sont bidirectionnelles et entretiennent des liens avec le système immunitaire, endocrinien et nerveux autonome via le nerf vague (5). Une dysbiose peut donc perturber cette voie et entraîner ou exacerber les troubles de l’humeur, comme la dépression (4, 5). Un des mécanismes biologiques suggérés est l’augmentation du niveau d’inflammation chronique dans le corps causé par le déséquilibre entre la proportion de bactéries pro- et anti-inflammatoires (2, 4). Par exemple, les acides gras à chaîne courte, les métabolites produits par les bactéries anti-inflammatoires lors de la fermentation des fibres alimentaires, agissent sur les cellules entéroendocrines anorexigènes. Ceci entraîne une diminution de l’appétit, régulant ainsi le comportement alimentaire et l'équilibre énergétique. Les acides gras à chaînes courtes agissent aussi sur les fonctions immunitaires en favorisant l'intégrité de la barrière intestinale et modifient la production de cytokines (6). Une augmentation de l’inflammation causée par un déséquilibre du microbiote est associée à une incidence accrue de la dépression (7). 

Alimentation et microbiome

Une alimentation riche en aliments transformés, en graisses saturées, en sucres ajoutés, édulcorant (principalement le sucralose) et émulsifiant peut favoriser la prolifération de bactéries pro-inflammatoires (8, 9). Inversement, une alimentation riche en fibres, en prébiotiques, en polyphénols, en poissons et en aliments fermentés peut favoriser un microbiote sain et diversifié et est liée à une amélioration significative du bien-être chez les individus souffrant de dépression majeure (4, 5, 7, 10). De plus, des données probantes d’études randomisées contrôlées ont démontré des résultats favorisant les patrons alimentaires méditerranéens comme thérapie nutritionnelle pour la diminution de l'inflammation chronique et une amélioration des capacités cognitives chez les personnes âgées (11), ainsi qu’une réduction des symptômes d’anxiété et de dépression modéré à sévère chez les adultes (12, 13).

Probiotiques : des alliés potentiels

Certaines données suggèrent que les probiotiques tels que Bifidobacterium infantis, Lactobacillus helveticus, et Lactobacillus rhamnosus peuvent réduire les symptômes reliés à la dépression (4). Ces souches aident à la régularisation de l’axe hypothalamo-pituitaire-adrénalien ainsi qu’à la normalisation du niveau de cortisol et de cytokines pro-inflammatoires (1). Les effets significatifs de l'utilisation de probiotiques ont été observés avec une consommation quotidienne de 10^9 Colony-Forming Units (CFU) sur une période supérieure à 8 semaines (5).

Autres interventions thérapeutiques  

Outre que l’alimentation et les probiotiques, d’autres facteurs peuvent influencer le lien entre le microbiome et la dépression. L’activité physique (150 minutes d'exercice modéré par semaine) est notamment liée à une augmentation de bactéries bénéfiques productrices de métabolites anti-inflammatoires et aide à entretenir une certaine symbiose entre les bactéries commensales et pathogènes (4). Une perturbation du sommeil peut également altérer la composition du microbiome, aggravant ainsi les symptômes dépressifs (4).

Le rôle de l’intestin dans la santé mentale est indéniable. Bien que la recherche en soit encore à ses débuts, il est clair que l’intervention nutritionnelle, en collaboration avec un/une nutritionniste ÉquipeNutrition, peut offrir des avantages significatifs dans la gestion de la dépression. Il est essentiel pour les médecins et les professionnels de santé d’envisager des approches holistiques et interdisciplinaires pour traiter la dépression, intégrant l’alimentation, la supplémentation en probiotiques, et d’autres interventions liées au mode de vie. Contactez-nous pour en savoir davantage sur nos services.


 

Références 

  1. McGuinness, A. J., Davis, J. A., Dawson, S. L., Loughman, A., Collier, F., O’hely, M., ... & Jacka, F. N. (2022). A systematic review of gut microbiota composition in observational studies of major depressive disorder, bipolar disorder and schizophrenia. Molecular psychiatry, 27(4), 1920-1935.
  2. Nikolova, V. L., Smith, M. R., Hall, L. J., Cleare, A. J., Stone, J. M., & Young, A. H. (2021). Perturbations in gut microbiota composition in psychiatric disorders: a review and meta-analysis. JAMA psychiatry, 78(12), 1343-1354.
  3. Safadi, J. M., Quinton, A. M., Lennox, B. R., Burnet, P. W., & Minichino, A. (2022). Gut dysbiosis in severe mental illness and chronic fatigue: a novel trans-diagnostic construct? A systematic review and meta-analysis. Molecular Psychiatry, 27(1), 141-153.
  4. Ghannoum, M. A., Ford, M., Bonomo, R. A., Gamal, A., & McCormick, T. S. (2021). A microbiome-driven approach to combating depression during the COVID-19 pandemic. Frontiers in Nutrition, 8, 576.
  5. Dinan, T. G., Stanton, C., Long-Smith, C., Kennedy, P., Cryan, J. F., Cowan, C. S., ... & Sanz, Y. (2019). Feeding melancholic microbes: MyNewGut recommendations on diet and mood. Clinical Nutrition, 38(5), 1995-2001. 
  6. Ribeiro, G., Ferri, A., Clarke, G., & Cryan, J. F. (2022). Diet and the microbiota–gut–brain-axis: a primer for clinical nutrition. Current Opinion in Clinical Nutrition and Metabolic Care, 25(6), 443.
  7. Radjabzadeh, D., Bosch, J. A., Uitterlinden, A. G., Zwinderman, A. H., Ikram, M. A., van Meurs, J. B., Luik, A. I., Nieuwdorp, M., Lok, A., van Duijn, C. M., Kraaij, R., & Amin, N. (2022). Gut microbiome-wide association study of depressive symptoms. Nature Communications, 13(1).
  8. Rodriguez-Palacios, A., Harding, A., Menghini, P., Himmelman, C., Retuerto, M., Nickerson, K. P., ... & Cominelli, F. (2018). The artificial sweetener splenda promotes gut proteobacteria, dysbiosis, and myeloperoxidase reactivity in Crohn’s disease–like ileitis. Inflammatory bowel diseases, 24(5), 1005-1020.
  9. Noble, E. E., Hsu, T. M., & Kanoski, S. E. (2017). Gut to brain dysbiosis: mechanisms linking western diet consumption, the microbiome, and cognitive impairment. Frontiers in behavioral neuroscience, 9.
  10. Lin, K., Li, Y., Toit, E. D., Wendt, L., & Sun, J. (2021). Effects of polyphenol supplementations on improving depression, anxiety, and quality of life in patients with depression. Frontiers in Psychiatry, 12, 765485.
  11. Ghosh, T. S., Rampelli, S., Jeffery, I. B., Santoro, A., Neto, M., Capri, M., ... & O'Toole, P. W. (2020). Mediterranean diet intervention alters the gut microbiome in older people reducing frailty and improving health status: the NU-AGE 1-year dietary intervention across five European countries. Gut, 69(7), 1218-1228.
  12.  Bayes, J., Schloss, J., & Sibbritt, D. (2022). The effect of a Mediterranean diet on the symptoms of depression in young males (the “AMMEND: A Mediterranean Diet in MEN with Depression” study): A randomized controlled trial. The american journal of clinical nutrition, 116(2), 572-580.
  13.  Parletta, N., Zarnowiecki, D., Cho, J., Wilson, A., Bogomolova, S., Villani, A., ... & O’Dea, K. (2019). A Mediterranean-style dietary intervention supplemented with fish oil improves diet quality and mental health in people with depression: A randomized controlled trial (HELFIMED). Nutritional neuroscience, 22(7), 474-487.
Nutritionniste - Diététiste