La nutrition, un pilier dans l’univers complexe du SOPK

Santé de la femme
a person holding a bowl of salad in front of a window

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) touche entre 12 et 17 % des femmes selon les critères diagnostiques et les populations étudiées (1, 2). Son diagnostic repose principalement sur les critères de Rotterdam, selon lesquels au moins deux des trois critères suivants doivent être présents : les ovaires polykystiques détectés par imagerie médicale, l’oligo-ovulation ou anovulation et/ou la présence de manifestation d'hyperandrogénisme, tels que l'hirsutisme, l'acné, ou des analyses biochimiques indiquant une élévation des androgènes (2).

 

Pathophysiologie et étiologie

L'étiologie du SOPK est encore mal comprise, bien que des recherches récentes suggèrent qu'il s'agit d'une condition multifactorielle, impliquant des facteurs génétiques, environnementaux, et épigénétiques (3). Ce syndrome est caractérisé par des déséquilibres hormonaux, une résistance à l'insuline, une inflammation chronique de bas grade et des troubles du métabolisme, influençant à la fois la santé reproductive et métabolique des femmes (3). Même si elles ne sont pas en surpoids, environ 75 % des femmes atteintes de SOPK présentent une résistance à l'insuline (4), en partie en raison d'une adiposité viscérale plus élevée par rapport aux femmes du même indice de masse corporelle sans SOPK (5). De plus, l'inflammation de bas grade, souvent liée à un excès de graisse viscérale, exacerbe la résistance à l'insuline en produisant des cytokines pro-inflammatoires qui interfèrent avec la signalisation de l'insuline et aggrave les anomalies métaboliques. L'excès d'insuline stimule la production de certaines enzymes dans les ovaires et les glandes surrénales qui augmentent la production d'androgènes, exacerbant les symptômes de l'hyperandrogénisme (3).

 

Pourquoi suggérer un accompagnement en nutrition ?

La gestion du SOPK est essentielle en raison des nombreuses complications qu'il peut entraîner comme l’augmentation des risques d'infertilité, de complications de grossesse (diabète gestationnel, prééclampsie) et de cancer de l'endomètre (3). Le SOPK est aussi associé à des maladies métaboliques comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, la stéatose hépatique, ainsi qu'à des difficultés de gestion du poids (3). L'impact psychologique est également significatif, avec des symptômes d'anxiété, de dépression et une image corporelle négative. La thérapie nutritionnelle avec ou sans traitement médical (par exemple les contraceptifs oraux, le metformine, les antiandrogènes et les progestatifs cycliques) reste fondamentale pour les femmes atteintes du SOPK comme forme de médecine préventive et améliore leurs symptômes (3, 6, 7).

 

Gestion du SOPK

Il n’existe pas, à ce jour, d’unique thérapie nutritionnelle recommandée pour la gestion du PCOS. La thérapie nutritionnelle est donc personnalisée, selon les besoins et préférences individuels, et vise principalement à améliorer les apports en certains nutriments clés (par ex. fibre, vitamine D, magnésium, oméga-3), augmenter la sensibilité à l'insuline, à réguler le poids corporel et à diminuer l'inflammation. 

 

Étant associés à l'inflammation chronique et au stress oxydatif, les régimes anti-inflammatoires comme les régimes méditerranéen, nordique et Okinawa sont bénéfiques pour la gestion du SOPK. Combinés à l'exercice, ils améliorent la régularité menstruelle et favorisent les grossesses spontanées chez les femmes en surpoids souffrant d'infertilité liée au SOPK, avec ou sans metformine (6). Une étude clinique de 2022 a comparé un régime méditerranéen hypocalorique faible en glucides (un apport glucidique inférieur à 20%) à un régime hypocalorique faible en graisses chez 72 femmes en surpoids atteintes de SOPK. Les participantes sur le régime méditerranéen faible en glucides ont montré des améliorations supérieures et significatives de la régularité des cycles menstruels, des paramètres anthropométriques, des niveaux hormonaux, de la résistance à l'insuline et du profil lipidique après 12 semaines de traitement (8). Le régime DASH a aussi démontré des effets bénéfiques dans la gestion des symptômes et du traitement du SOPK. Selon les dernières évidences d’une revue systématique et méta-analyse de 2024, ce régime a montré la plus grande efficacité pour améliorer la résistance à l'insuline, la glycémie, l'insuline à jeun et les triglycérides chez les participants atteints de SOPK (7).

 

Suppléments et probiotiques 

Les inositols, notamment le myo-inositol et le D-chiro-inositol, pourraient être une approche complémentaire en modulant la signalisation de l'insuline, diminuent la glycémie, réduisant les niveaux d'androgènes, et en améliorant la régulation du cycle menstruel. Selon les données d’une méta-analyse de 2023, les inositols présentent moins d'effets secondaires que certaines solutions pharmacologiques classiques, ce qui en fait une alternative particulièrement intéressante lorsque la metformine est mal tolérée (9). La supplémentation en oméga-3 (environ 2 à 4 g par jour pendant 6 à 24 semaines), notamment en EPA/DHA, montre des effets prometteurs dans la réduction de l'inflammation systémique et de la résistance à l'insuline chez les femmes atteintes de SOPK (10, 11). Elle agirait en abaissant les niveaux de hs-CRP et en augmentant l'adiponectine (une adipokine anti-inflammatoire et un sensibilisateur de l'insuline) selon les évidences d’une méta-analyse de 2024 (11). Des évidences suggèrent aussi qu’une supplémentation de cannelle (0.5 à 1,5 g par jour pendant 8 à 52 semaines), riche en antioxydants, améliore certains marqueurs de la résistance à l'insuline chez les patientes atteintes de SOPK (12).

 

Des recherches récentes s'intéressent à l’influence du microbiote intestinal dans la pathophysiologie du SOPK. Une diversité réduite des bactéries intestinales et une altération de la barrière intestinale peuvent contribuer à l’inflammation systémique et aggraver les symptômes. Des études montrent que l’utilisation de prébiotique et de probiotiques (tels que L. casei, L. acidophilus, B. bifidum) réduisent les symptômes d'hyperandrogénisme et améliorent la résistance à l'insuline (11, 13, 14). Étant donné que le type et le dosage des suppléments ne sont pas encore bien établis, privilégier l'intégration de ces nutriments par l'alimentation demeure optimale. Les nutritionnistes aideront vos patientes à intégrer une variété d'aliments fermentés riches en probiotiques, ainsi qu'une diversité d’aliments contenant des fibres et des prébiotiques au quotidien, favorable pour diminuer l'inflammation.

 

Le SOPK est une condition complexe caractérisée par des déséquilibres hormonaux, une résistance à l'insuline et une inflammation de bas grade, nécessitant une approche de traitement multidimensionnelle. Les nutritionnistes d'ÉquipeNutrition pourront aider vos patientes à optimiser leur composition corporelle, trouver des stratégies concrètes pour intégrer un régime alimentaire adapté à leurs besoins (par ex. optimiser leur chance de concevoir, normaliser leur glycémie, etc.), prévenir les complications métaboliques à long terme, et les aider à s'y retrouver dans les recommandations concernant les suppléments.

 

Références

  1. Skiba, M. A., Islam, R. M., Bell, R. J., & Davis, S. R. (2018). Understanding variation in prevalence estimates of polycystic ovary syndrome: a systematic review and meta-analysis. Human reproduction update, 24(6), 694-709.
  2. Lauritsen, M. P., Bentzen, J. G., Pinborg, A., Loft, A., Forman, J. L., Thuesen, L. L., ... & Nyboe Andersen, A. (2014). The prevalence of polycystic ovary syndrome in a normal population according to the Rotterdam criteria versus revised criteria including anti-Müllerian hormone. Human reproduction, 29(4), 791-801
  3. Di Lorenzo, M., Cacciapuoti, N., Lonardo, M. S., Nasti, G., Gautiero, C., Belfiore, A., ... & Chiurazzi, M. (2023). Pathophysiology and nutritional approaches in polycystic ovary syndrome (PCOS): a comprehensive review. Current Nutrition Reports, 12(3), 527-544.
  4. Teede, H. J., Misso, M. L., Costello, M. F., Dokras, A., Laven, J., Moran, L., ... & Norman, R. J. (2018). Recommendations from the international evidence-based guideline for the assessment and management of polycystic ovary syndrome. Human reproduction, 33(9), 1602-1618.
  5. Satyaraddi, A., Cherian, K. E., Kapoor, N., Kunjummen, A. T., Kamath, M. S., Thomas, N., & Paul, T. V. (2019). Body composition, metabolic characteristics, and insulin resistance in obese and nonobese women with polycystic ovary syndrome. Journal of human reproductive sciences, 12(2), 78-84.
  6. Salama, A. A., Amine, E. K., Hesham, A., & Abd El-Fatteh, N. (2018). Effects of anti-inflammatory diet in the context of lifestyle modification (with or without metformin use) on metabolic, endocrine, inflammatory and reproductive profiles in overweight and obese women with polycystic ovary syndrome: Controlled clinical trial. Can. J. Clin. Nutr, 6, 81-106.
  7. Juhász, A. E., Stubnya, M. P., Teutsch, B., Gede, N., Hegyi, P., Nyirády, P., ... & Juhász, R. (2024). Ranking the dietary interventions by their effectiveness in the management of polycystic ovary syndrome: a systematic review and network meta-analysis. Reproductive Health, 21(1), 28.
  8. Mei, S., Ding, J., Wang, K., Ni, Z., & Yu, J. (2022). Mediterranean diet combined with a low-carbohydrate dietary pattern in the treatment of overweight polycystic ovary syndrome patients. Frontiers in Nutrition, 9, 876620.
  9. Greff, D., Juhász, A. E., Váncsa, S., Váradi, A., Sipos, Z., Szinte, J., ... & Horváth, E. M. (2023). Inositol is an effective and safe treatment in polycystic ovary syndrome: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Reproductive Biology and Endocrinology, 21(1), 10.
  10. Albardan, L., Platat, C., & Kalupahana, N. S. (2024). Role of Omega-3 fatty acids in improving metabolic dysfunctions in polycystic ovary syndrome. Nutrients, 16(17), 2961.
  11. Moslehi, N., Zeraattalab-Motlagh, S., Rahimi Sakak, F., Shab-Bidar, S., Tehrani, F. R., & Mirmiran, P. (2023). Effects of nutrition on metabolic and endocrine outcomes in women with polycystic ovary syndrome: an umbrella review of meta-analyses of randomized controlled trials. Nutrition reviews, 81(5), 555-577.
  12. Heshmati, J., Sepidarkish, M., Morvaridzadeh, M., Farsi, F., Tripathi, N., Razavi, M., & Rezaeinejad, M. (2021). The effect of cinnamon supplementation on glycemic control in women with polycystic ovary syndrome: A systematic review and meta‐analysis. Journal of food biochemistry, 45(1), e13543
  13. Shamasbi, S. G., Ghanbari-Homayi, S., & Mirghafourvand, M. (2020). The effect of probiotics, prebiotics, and synbiotics on hormonal and inflammatory indices in women with polycystic ovary syndrome: a systematic review and meta-analysis. European journal of nutrition, 59, 433-450.
  14. Gholizadeh Shamasbi, S., Dehgan, P., Mohammad-Alizadeh Charandabi, S., Aliasgarzadeh, A., & Mirghafourvand, M. (2019). The effect of resistant dextrin as a prebiotic on metabolic parameters and androgen level in women with polycystic ovarian syndrome: a randomized, triple-blind, controlled, clinical trial. European journal of nutrition, 58, 629-640.
Nutritionniste - Diététiste à Montréal