Cancer du sein et soya: risques ou bénéfices?

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La consommation de soya est-elle protectrice ou, au contraire, peut-elle augmenter le risque de développer un cancer du sein? Qu’en est-il pour les femmes déjà atteintes de ce type de cancer? Voici un résumé des dernières données de la littérature sur ce sujet controversé.

D'où vient ce questionnement? 

Le soya contient des composés nommés isoflavones. Parmi ceux présents dans le soya, on retrouve la génistéine, la daidzéine et la glycitine (1). Les isoflavones sont considérées comme des modulateurs sélectifs des récepteurs aux estrogènes (SERM) car ils peuvent se lier aux deux récepteurs estrogéniques, les récepteurs alpha (ERα) et bêta (ERβ). L’impact des SERMs est difficile à prévoir, car ils peuvent avoir un effet agoniste ou antagoniste selon le récepteur auquel ils se lient, ainsi que l’environnement cellulaire (2). Des études in vitro et in vivo ont rapporté que les isoflavones ont une fonction antagoniste aux estrogènes dans un environnement élevé en estrogènes, comme celui les femmes pré-ménopausées, et une fonction agoniste dans un environnement bas en estrogènes, comme chez les femmes ménopausées (3). 

Quel est le rôle du soya dans la prévention du cancer du sein?

Selon une méta-analyse récente rassemblant 300 000 femmes chinoises de 7 études prospectives, une consommation de 10 mg d’isoflavones par jour provenant des produits du soya diminue le risque de développer un cancer du sein de 3% (4). Ces résultats abondent dans le même sens qu’une revue systématique publiée en 2013, qui inclut 131 articles (5). Cependant, selon une méta-analyse de 2008, bien que des résultats similaires soient rapportés pour une population orientale, cette association n’est pas observée chez une population occidentale (6). Les auteurs expliquent ces résultats par la faible consommation d’isoflavones (0,3 mg/ jour) dans cette population ainsi que leurs sources principales, majoritairement des produits en conserve et de boulangerie. Cette théorie abonde dans le même sens que l’un des résultats d’une revue systématique, soit qu’une consommation élevée de soya (supérieure à 6,25 g de protéines de soya ou 12,5 mg d’isoflavones par jour) est associée à une plus grande protection contre le cancer du sein, contrairement à des études incluant des quantités moindres (5). Selon ces résultats, le soya semble avoir un effet protecteur sur le risque de développer un cancer du sein, lorsque consommé quotidiennement et en quantité non négligeable.  

Qu’en est-il pour les femmes en rémission d’un cancer du sein?

Selon une revue systématique, les études rapportent une réduction de risque où aucun effet notable avec une augmentation de la consommation de protéines ou d’isoflavones de soya (5). Également, une diminution du risque de mortalité est également observée selon cette même revue (5). Selon deux études, une diminution de la mortalité et du risque de récidive est observée avec une augmentation de la consommation de soya chez les femmes utilisant le tamoxifène, un antinéoplasique utilisé pour combattre le cancer du sein (7, 8). Une étude pilote a également rapporté une tendance vers une diminution de la croissance du tissu cancérigène (calculé par un ratio apoptose/mitose) suite à la prise d’isoflavones pendant 2 semaines (9). Bien que des études supplémentaires soient nécessaires, la littérature actuelle suggère que la consommation de soya n’a pas d’impact négatif, sinon peut potentiellement réduire, le risque de récidive de cancer du sein, même lors de la prise de tamoxifène. 

L’importance de bien démystifier les mythes alimentaires avec nos patients

La consommation de produits de soya semble diminuer le risque de souffrir du cancer du sein. Pour les femmes en ayant souffert, il semble sécuritaire de consommer 2 à 3 portions de produits du soya / jour (5), comme le recommandent plusieurs associations, dont l’association canadienne du Cancer (10). Afin de prévenir le retrait inutile et potentiellement néfaste d’aliments, une nutritionniste ÉquipeNutrition sera en mesure de fournir la bonne information à vos patients, ainsi que de les guider à mettre en place des habitudes alimentaires adéquates pendant et après cancer du sein. N’hésitez pas à nous contacter afin d’en apprendre davantage sur les services de nos nutritionnistes ! 

Références

  1. Price KR et Fenwick GR. Naturally occurring oestrogens in foods--a review. Food Addit Contam. 1985;2(2):73-106.

  2. Pike ACW, Brzozowski AM, Hubbard RE et al. Structure of the ligand-binding domain of oestrogen receptor beta in the presence of a partial agonist and a full antagonist. EMBO J.1999;18(17):4608-4618. 

  3. Douglas C, Johnson S et Arjmandi B. Soy and Its Isoflavones: The Truth Behind the Science in Breast Cancer. Anticancer Agents Med Chem. 2013;13(8):1178-1187.

  4. Wei Y, Lv J, Guo Y et al. Soy intake and breast cancer risk: a prospective study of 300,000 Chinese women and a dose–response meta‐analysis. Eur J Epidemiol. 2020;35(6):567-578.

  5. Fritz H, Seely D, Flower G et al. Soy, Red Clover, and Isoflavones and Breast Cancer: A Systematic Review. PLoS One. 2013;8(11):e81968. 

  6. Wu A, Yu MC, Tseng C-C et al. Epidemiology of soy exposures and breast cancer risk.Br J Cancer. 2008;98(1):9-14.

  7. Caan BJ, Natarajan L, Parker B et al. Soy food consumption and breast cancer prognosis. Cancer Epidemiol. Biomarkers Prev. 2011;20(5):854-858. 

  8. Guha N, Kwan ML, Quesenberry CP Jr et al. Soy isoflavones and risk of cancer recurrence in a cohort of breast cancer survivors: The life after cancer epidemiology study. Breast Cancer Res Treat. 2009;118(2):395-405.

  9. Sartippour MR, Rao JY,  Apple  S et al. A pilot clinical study of short-term isoflavone supplements in breast cancer patients. Nutr Cancer. 2004;49(1):59-65.

  10. Société canadienne du cancer. Bien manger après un cancer du seins (En ligne):  https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/breast/supportive-care/eating-well-after-breast-cancer/?region=on

Nutritionniste - Diététiste à Québec