Un couple sur six souhaitant agrandir sa famille est confronté à des problèmes d'infertilité, définie comme l'incapacité de concevoir après avoir essayé activement pendant 12 mois (1). Parmi les cas de difficulté à concevoir, 50 % sont attribués à des facteurs féminins, 30 à 40 % à des facteurs masculins (2), et 20 à 30 % à des causes combinées (1). Les troubles ovulatoires, les anomalies du sperme et les dysfonctionnements endocriniens représentent des facteurs de risque majeurs d’infertilité. Une alimentation inadéquate peut contribuer à ces facteurs de risque et/ou les aggraver.
Stratégies nutritionnelles selon chaque stade chez la femme
Régulation du cycle menstruel et l'ovulation
L'ovulation irrégulière ou l'anovulation sont des problèmes fréquents qui peuvent empêcher la conception. L'un des facteurs les plus importants influençant l'ovulation est la composition corporelle. Un excès ou une insuffisance de graisse corporelle peut perturber la production des hormones, notamment les œstrogènes, nécessaires à l’ovulation. Un accompagnement vers une perte ou une prise de poids avec un(e) nutritionniste-diététiste, selon le cas, peut améliorer la régularité de l’ovulation (3).
L’exposition aux perturbateurs endocriniens, comme le bisphénol A (BPA) ou les parabènes, sont des substances qui interfèrent avec le système hormonal et peuvent également provoquer des dérèglements du cycle menstruel. Les perturbateurs endocriniens se trouvent dans des produits courants tels que les plastiques, les cosmétiques, les emballages alimentaires et les pesticides (4). Certaines stratégies peuvent être mises en place pour limiter leurs effets négatifs potentiels : privilégier des produits biologiques ou bien rincer les fruits et légumes avant de les consommer, utiliser des contenants en verre dans la cuisine et éviter de réchauffer des aliments dans des contenants en plastique, pour ne citer que quelques exemples (4).
Optimiser la santé des gamètes féminine : un préalable à la conception
Avant la phase de conception, une alimentation riche en antioxydants, présents notamment dans les fruits et légumes colorés, peut protéger les ovocytes des dommages causés par les radicaux libres (5). De plus, une supplémentation en 400 mcg de folate et en 600 à 1 000 UI de vitamine D par jour est fortement recommandée pendant 2 à 3 mois avant la conception et tout au long de la grossesse (6, 7). Un apport optimal de ces nutriments diminue les risques de complications, de naissance prématurée, de faible poids à la naissance, de malformations du tube neural et de fausses couches causées par une élévation de l'homocystéine sanguine (6).
Selon des données observationnelles émergentes, la prise d’un supplément d'oméga-3 pourrait également augmenter les chances de conception naturelle chez les femmes vivant avec l’infertilité. Cependant, des essais contrôlés sont nécessaires pour confirmer ces bénéfices (8). Une nutritionniste sera en mesure d’évaluer ces apports et de suggérer les changements alimentaires ou une supplémentation adéquate, au besoin.
Gestion des conditions médicales de santé sous-jacentes à l'infertilité
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est l'une des causes les plus fréquentes de troubles de la fertilité chez les femmes, affectant entre 12 et 17 % des femmes en âge de procréer (9, 10). L'inflammation de bas grade et la résistance à l'insuline sont considérées comme des facteurs contribuant à l'infertilité chez ces patientes (1). L'endométriose est également une pathologie gynécologique courante, touchant environ 6 à 10 % des femmes en âge de procréer (11). Parmi celles-ci, 35 à 45 % rencontrent des difficultés à concevoir (1). L'inflammation chronique, qui peut altérer les organes reproducteurs, est l’un des mécanismes proposés pour expliquer la réduction de la fertilité (1).
Les diètes anti-inflammatoires, comme le régime méditerranéen, le régime nordique et celui d’Okinawa, sont des thérapies nutritionnelles pouvant améliorer les chances de conception, avec ou sans thérapie pharmacologique (1). Ces modèles alimentaires encouragent une consommation quotidienne de grains entiers, de fruits et légumes, de yogourt, d'huile d'olive, ainsi que des apports hebdomadaires en légumineuses, volaille maigre, poisson et œufs, tout en limitant les viandes rouges et transformées à une seule fois par semaine (12).
Une étude contrôlée randomisée a démontré que l'adoption d'un régime anti-inflammatoire, combiné à une activité physique, améliore la cyclicité menstruelle et augmente les grossesses spontanées chez les femmes en surpoids souffrant de SOPK, avec ou sans utilisation de Metformin (13).
Chez les patientes atteintes d’endométriose, les régimes riches en vitamine C, vitamine E, ainsi qu’en huiles de poisson et d'olive extra-vierge, peuvent réduire la dysménorrhée, les marqueurs d'inflammation et le stress oxydatif, ce qui pourrait à terme améliorer la fertilité (1).
Infertilité masculine
Le stress oxydatif, influencé par l'alimentation, est souvent associé à une inflammation chronique du tractus reproducteur masculin, affectant la physiologie des spermatozoïdes, y compris la spermatogenèse. Des études récentes ont montré que les régimes alimentaires de type méditerranéen et/ou anti-inflammatoire sont positivement associés à la qualité du sperme, incluant la concentration, la motilité et la morphologie des spermatozoïdes (14, 15). À l'inverse, un régime alimentaire de type occidental, riche en viandes transformées, sucres ajoutés et alcool, est lié à une qualité de sperme inférieure et à une fertilité réduite (16).
De plus, une revue systématique et une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés suggèrent que la supplémentation en certains nutriments, comme le zinc, le sélénium, les oméga-3 et la CoQ10, peut améliorer la concentration et la motilité des spermatozoïdes (17). Cependant, une revue de 2023 sur les suppléments pour l'infertilité masculine a révélé que la plupart des produits dépassent les dosages recommandés et avancent des allégations sans preuve clinique solide (18).
Que ce soit pour améliorer la santé des gamètes, gérer des conditions médicales sous-jacentes influençant la fertilité ou optimiser la santé reproductive du couple, les nutritionnistes-diététistes d’ÉquipeNutrition sont des alliés précieux. Ils peuvent prioriser les interventions alimentaires nécessaires et guider leurs clients vers des choix éclairés pour maximiser leurs chances de concevoir.
Références
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